Accompagner la croissance des entrepreneurs numériques : l’expérience de l’initiative AgriHack Talent

(Publié originellement sur le site du CTA – English version here)

Dans un domaine aussi complexe que l’e-agriculture, l’accompagnement des jeunes innovateurs et entrepreneurs, à travers la formation et le mentorat, se révèle particulièrement important.
L’édition de Pitch AgriHack 2018 s’est achevée le 8 septembre, à Kigali, au Rwanda. Ce concours de start-up, organisé dans le cadre de l’initiative AgriHack Talent, fait partie des actions menées par le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) pour soutenir les jeunes innovateurs et entrepreneurs qui développent des services numériques pour le secteur agricole dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Les huit start-up primées ont reçu des subventions pouvant aller jusqu’à 15 000 €. Elles bénéficieront aussi d’un accompagnement soutenu de la part du CTA et de ses partenaires.

Toutes les jeunes entreprises ont besoin d’être accompagnées, car elles disposent rarement en leur sein de toutes les compétences nécessaires pour réussir. Le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le secteur agricole est relativement nouveau et particulièrement complexe. Pour développer leur start-up, les entrepreneurs doivent non seulement posséder des connaissances en matière de gestion d’entreprise, mais aussi avoir une bonne compréhension des nouvelles technologies et des spécificités du secteur agricole. Dès lors, il ne s’agit pas seulement de développer des services supposés utiles, mais également de mettre au point une stratégie efficace de développement client (qui passe notamment par la sensibilisation et la formation des agriculteurs sur le terrain) et de déterminer les modèles économiques pour une durabilité à long terme.

L’accompagnement du CTA auprès de ces jeunes entreprises se traduit par des services de formation, de mentorat et de facilitation d’accès au financement offerts aux start-up. Lors de la finale de l’édition 2018, nous avons organisé, en partenariat avec Suguba Africa, un atelier de formation intensive sur la préparation à l’investissement. Ce boot camp avait pour objectif d’aider les 26 finalistes (ainsi que des start-up invitées) à améliorer leur gestion financière et leur recherche de financements.

Nous offrons régulièrement la possibilité aux start-up de prendre part à des rencontres internationales, comme le Social Good Summit ou le World Investment Forum (respectivement organisés par le PNUD et la CNUCED, en Suisse), la rencontre AgriStartup Summit en France ou d’autres événements en Afrique. Ces rencontres permettent à certaines entreprises en devenir de rencontrer des partenaires d’affaires ou même des financements. Nous avons également signé une convention avec le réseau des incubateurs agricoles africains (African Agribusiness Incubation Network – AAIN et l’entreprise Ernst&Young) pour un service de mentorat aux start-up. Soulignons également que tous les start-up ayant pris part à la compétition sont réunies au sein de différentes communautés de pratique animées par le CTA.

Le rôle central des pôles d’innovation dans le programme

Le CTA implique les pôles d’innovation que sont les incubateurs, accélérateurs ou autres espaces de cotravail dans la gestion de AgriHack Talent. Leur importance n’est plus à démontrer. La Banque mondiale a identifié au moins quatre problèmes récurrents pour les nouvelles entreprises : le taux d’échec élevé, l’inexpérience des jeunes entrepreneurs, l’environnement des affaires non favorable et la forte compétition imposée par les entreprises déjà opérationnelles (World Bank, 2010). Dans le domaine de la digitalisation agricole, ces défis sont encore importants.

Les compétitions de développement d’applications que nous organisions jusqu’en 2015 sont une autre forme de collaboration avec les pôles d’innovation. Dans le cadre du premier hackathon, organisé en 2013, nous avions signé un accord avec l’incubateur kenyan mLab East Africa, qui a lui-même mobilisé d’autres incubateurs. Ces incubateurs ont contribué à la conception de l’activité, à sa promotion, puis à l’organisation d’autres hackathons, au niveau national. Les start-up primées ont par la suite été incubées pendant six mois par les partenaires locaux, avec une contribution financière du CTA. En Ouganda, Outbox Hub avait accompagné Ensibuuko la start-up lauréate régionale. L’entreprise a ainsi eu l’opportunité de développer son produit. Aujourd’hui, sa plateforme de services financiers, MOBIS, est utilisée par plus de 50 coopératives agricoles servant plus de 250 000 agriculteurs et la start-up s’ouvre à l’international. En 2015, nous avons lancé un appel à projets ouvert aux incubateurs afin qu’ils organisent eux-mêmes des activités de développement. Wennovation Hub, accélérateur du Nigeria, lauréat de l’appel, a développé un programme autonome, dénommé AgriTech Hub, pour un appui au développement des innovations e-agricoles. Les pôles d’innovations sont également impliqués dans l’évaluation et la promotion de Pitch AgriHack. A ce jour, nous avons collaboré avec une trentaine de pôles d’innovation.

Un des objectifs poursuivis à travers la collaboration avec ces différents pôles est de contribuer à la promotion et au développement des services pour le secteur agricole. Beaucoup de ces structures sont jeunes et, malgré certaines insuffisances dues à leur jeunesse, elles jouent un rôle déterminant dans le développement des innovations digitales dans les pays d’Afrique. Tel se présente le dispositif d’accompagnement des jeunes start-ups par le CTA. Les succès que nous avons pu avoir sont tributaires de l’implication de ces divers acteurs professionnels et des efforts déployés par les start-up elles-mêmes.

Par Ken Lohento, Coordonnateur de Programme Sr, TIC pour l’Agriculture , Octobre 2018

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Solve : *
1 × 28 =


Site Footer