Le gouvernement béninois a organisé en semaine écoulée un séminaire sur le développement et l’émergence des Tic dans notre pays. Parvenir à faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique comme le rêve nos dirigeants est certes une ambition noble mais il existe bien des préalables, notamment la question de l’Energie sans laquelle le Bénin ne peut rêver à devenir un quartier numérique.
Faire du Bénin le ” quartier numérique de l’Afrique ” C’est le nouveau chantier sur lequel le gouvernement de Boni Yayi consacre ses énergies depuis quelques jours. Le séminaire-atelier tenue la semaine dernière à Azalaï hôtel avec pour thème “Tic, vecteur de modernisation, de croissance et de développement du Bénin” avait, aux dires du ministre Max Barthélémy Ahouèkè en charge de la communication et des technologies de l’information et de la communication, pour objectifs de trouver ” des voies et moyens qui permettront d’asseoir une politique, de sorte qu’à l’horizon 2025, les Tic soient le quotidien de tout Béninois “.
En effet, c’est depuis 2006 que le gouvernement du changement après avoir fait l’état des lieux des Tic au Bénin a pu remarquer que ce domaine était en proie à une crise majeure. Ainsi, il s’est attelé à la modernisation des services et à la dynamisation des produits financiers. Puis en 2008, le gouvernement de Boni Yayi s’est doté d’un guide dans lequel était consignée la vision nationale galvanisante de faire du Bénin le quartier numérique d’Afrique. Autrement dit, le Bénin rêve de faire des Tic un secteur de développements par lui-même et d’accélération du développement de l’ensemble des autres secteurs. Le document qui sert de feuille de route au gouvernement repose sur deux piliers essentiels à savoir : l’e-gouvernement (public) et l’e-business (privé). Bon projet, diront tous les accrocs des Tic au Bénin seulement il y a de plus urgent.
Numériser avec quelle énergie ?
Il est un rêve fou que de penser numériser un pays où l’énergie est la chose la plus rare. Les personnes les plus averties louent bien l’initiative du gouvernement et voudraient bien se laisser convaincre ses réponses à un certain nombre de questions qui méritent d’être posées. Dans la perspective de numérisation de notre pays a-t-on pensé aux préalables ? Si oui qu’en est-il de l’accès à l’énergie électrique qui n’est pas une réalité dans notre pays ? quelle hiérarchisation le gouvernement fait-il des besoins de nos population, si non quelle est la priorité entre la question de l’énergie électrique et la promotion des Tic au Bénin ? Ces questions qui restent posées trouvent bien leur source dans la crise énergétique ambiante dans notre pays et dont le tableau reste jusque-là très sombre.
Avenir incertain
En vérité, le gouvernement devrait faire de la question énergétique sa plus grande priorité vu que les menaces qui pèsent sur notre pays sont énormes. A bien y voir, le rêve du gouvernement de faire du Bénin à l’horizon 2025 le quartier numérique de l’Afrique ne saurait se réaliser sans que dès maintenant une solution efficace et durable ne soit trouvée à la crise énergétique qui secoue régulièrement notre pays. Selon les explications données il y a quelques jours par le ministre Barthélémy Kassa en charge de l’Energie, sur un plateau de télévision, la forte urbanisation et les besoins sans cesse croissants en énergie seraient à la base de la crise que connaît notre pays. De 105 mégawatts en 2006 les besoins énergétiques du Bénin sont donc passés, selon le ministre à 190 en 2012. Si de 2006 à 2012 (soit en 6 ans) nos besoins énergétiques ont augmenté de 85 mégawatts (190-105) alors un calcul rapide suivant la règle de trois nous permet d’estimer les besoins énergétiques du Bénin en 2025 (soit 13ans après) à 374 mégawatts (190+184).
Aussi amateurs que paraissent nos prévisions, on peut bien se demander les mesures que prend le gouvernement pour combler les attentes énergétiques de notre pays en attendant de la numériser. Reçu ce week-end par le chef de l’Etat les responsables de la société américaine CIA, en charge des travaux de la centrale électrique de Maria-Gléta dans la commune d’Abomey-Calavi ont annoncé la mise en service prochaine de l’ouvrage mais les Béninois ont bien besoin de plus que cela pour se rassurer de ce qu’ils quitteront bientôt le noir.
Auteur : Vitali Boton
Source : Journal Adjinakou
Date de publication : décembre 2012