«Le m-banking en Afrique: il faudra s’attendre à beaucoup d’innovation»

(Agence Ecofin) – Comment analysez-vous l’évolution spectaculaire du marché des plateformes technologiques pour les services financiers par le mobile ?

Delphine Favier : Effectivement, le marché a connu une évolution très rapide durant ces dernières années. Face à la croissance du marché du paiement mobile et autres services bancaires mobiles, les intégrateurs et autres développeurs de solutions se devaient de relever le défi technologique pour accompagner la croissance du marché. Eu égard aux importantes enveloppes budgétaires consacrés à la R&D, il faudra s’attendre prochainement à des innovations majeures.

 

Doit-on s’attendre aussi à une consolidation au niveau de ces acteurs ?

DF : En effet, il y a beaucoup de mouvements, aussi au niveau des acteurs.

Fundamo qui développe une plateforme de services financiers mobiles destinée aux opérateurs de réseaux mobiles et institutions financières avec une forte présence dans les économies émergentes. Initialement détenue par un groupe d’investisseurs privés d’Afrique du Sud, Fundamo vient de passer sous l’escarcelle du groupe américain Visa depuis juin dernier. Il y a aussi Obopay qui a été racheté par l’équipementier Nokia ou encore Comviva, filiale de groupe de télécommunications indien Bharti, déjà fortement implanté en Afrique. C’est dire le dynamisme que connait ce marché depuis quelques années. Visa Europe et Google viennent d’annoncer la signature d’un accord mondial portant sur l’utilisation de la licence Visa payWave, solution de paiement sans contact basée sur la technologie Near Field Communication (NFC).

Techniquement, qu’est-ce qui caractérisent ces plateformes ?

DF : La plupart des plateformes technologiques empruntent des solutions identiques à celles utilisées par les technologies pour le SMS ou l’USSD. En règle générale, un téléphone GSM utilise plusieurs canaux pour envoyer et recevoir de l’information. Il peut s’agir du canal audio, des canaux de messagerie SMS et USSD ou encore des canaux de paquets de données. Le choix du canal de transmission est important parce qu’il peut affecter diversement la performance de l’application bancaire mobile en termes de vitesse, de fiabilité, de coûts et de sécurité.

Elles ont été améliorés pour assurer la sécurisation des communications et, en particulier, des normes de chiffrement (ou cryptage) appliquées et de l’identité de ceux qui les appliquent. Il est essentiel de protéger correctement les données transitant dans le canal de transmission, tant pour gagner la nécessaire confiance du client que pour limiter tout risque de responsabilité pour la banque. Il s’agit de technologies déjà éprouvées.

Quelles sont les limites de ces plateformes ?

DF : Compte tenu de l’importante augmentation des volumes de  trafics, il se pose un problème lié à la sécurité. Au Kenya, on redoute aujourd’hui une recrudescence de la fraude, suite à l’augmentation des volumes de transactions et surtout avec l’émergence de nouveaux services financiers sur mobile. On assiste d’ailleurs à l’émergence de nouveaux acteurs qui viennent avec des solutions complémentaires pour palier la faille sécuritaire des solutions déjà implémentées. Parmi ces sociétés, on peut citer la société marocaine S2M, un des leaders dans le domaine de la monétique. Il y a aussi la solution TagPay, développée par Tagatittude déjà distribuée dans plus de 30 pays. Cette solution répond aujourd’hui à un vrai besoin qui est le développement des modes de paiement dématérialisées dans les commerces de proximité. C’est une technologie performante mais transitoire en attendant l’arrivée sur le marché de la technologie NFC qui se positionne comme étant une technologie universelle.

Justement, le NFC tarde encore à se manifester ?

DF : C’est vrai, il y a aujourd’hui le problème lié à la disponibilité des terminaux adaptés avec la technologie NFC. Même si la technologie est, aujourd’hui, mure, l’écosystème est loin d’être au point. Malgré tout, les tests se poursuivent un peu partout dans le monde même en Afrique, beaucoup d’acteurs fondent des espoirs sur cette technologie. Des acteurs comme Airtel et Etisalat travaillent sur le déploiement de cette norme dans les différents pays où ils sont implantés notamment en Afrique. Il en est de même pour Estel Technologies qui est présente dans une quinzaine de pays en Afrique s’est associée avec Oberthur Technologie pour le déploiement de plateforme NFC. En ce qui concerne les usages, il y a un gap à franchir par les populations qui n’ont pas l’habitude d’utiliser des outils de monétique. L’émergence de NFC en Afrique passera par une simplification du parcours utilisateur. Toutes les normes d’utilisation actuellement testées en Europe ne correspondent pas forcément aux besoins des pays africains.

Entretien réalisé par Mohamadou Diallo, paru dans le magazine Réseau Télécom Network No 50.

Source:/Publié sur http://www.agenceecofin.com/ – le 1er Janvier 2012

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