[Par le journal La Nouvelle Tribune] Le web au Bénin, qu’est ce que c’est? Une longue liste de sites web parfois méconnus par les internautes et qui n’existent que par leur présence sur un serveur installé au Bénin ou situé quelque part sur la planète. Voilà ce que représente le réseau internet au Bénin. Bilan des pratiques bonnes ou mauvaises.
De la présence effective sur le réseau
Le Bénin a très tôt d’ailleurs, comparé à certains de ses homologues africains connus l’existence de nombreux sites plus ou moins populaires. Le début des années 2000 a connu ses stars: des sites perso qui foisonnent de gauche à droite, créés par des jeunes internautes avides de nouvelles technologies, ou par des organismes plus ou moins structurés. Les premières stars, L’araignée et un peu plus tard Sonangnon, sites qui réalisent une revue de presse des journaux de la place qui pour la plupart étaient dépourvus de “représentants” sur la toile. Ces sites avaient connu un regain de popularité, à mesure que les expatriés béninois désiraient s’informer sur leur pays, et aussi à mesure qu’il naissait sur le continent un nombre important de sites d’informations désireux d’informer les citoyens des pays d’origine sur d’autres contrées. Il faut reconnaître qu’il n’existe pas que des sites d’informations. Des sociétés privées ont créé des sites pour valoriser leur établissement; aujourd’hui il est possible, suivant le compte bancaire dont on dispose et la banque à laquelle on est inscrite, de visualiser l’historique de son compte sur un espace dédié en ligne. Plusieurs ministères se sont mis à la page et les candidats aux élections présidentielles de 2006 et 2011 n’y ont pas dérogé. Même si ailleurs il n’ya pas que l’élection présidentielle qui justifie la création d’un site. Ailleurs, les grandes personnalités politiques ont un site web permanent et non un site web de circonstance qui disparaît dès le lendemain de la défaite d’un candidat comme on a pu le voir tout récemment.
Pire, le Bénin est désormais derrière certains pays comme la Côte d’Ivoire et le sénégal non seulement en termes de représentativité du pays sur le net, mais aussi en terme de popularité et d’internautes.
De la popularité à la négligence
Du côté des sites d’information force a été de constater que malgré les années qui passaient, ces promoteurs n’ont pas jugé utile de se renouveler, de fidéliser une nouvelle clientèle ou même de s’adapter aux évolutions. Pouvait-on continuer du côté des sites de revue de presse, a gardé la même formule quitte à dépouiller les sites des organismes de visiteurs potentiels? Et bien non. Et à LNT une politique a été mise en place pour interdire à ces sites de s’approprier nos contenus et pour ceux qui s’y connaissent nous éviter du “duplicate content” qui pourrait nuire à la longure à notre positionnement et à notre popularité sur les moteurs de recherche. Et, dans les années à venir nous serions prêts à mettre en oeuvre tout ce qui est juridiquement possible pour obtenir réparation si des telles mesures perduraient. Il ne s’agit pas de s’attaquer à des acteurs qui ont à un moment donné, il faut l’avouer, aidé la presse béninoise. Il s’agit de remettre à plat ce qui se faisait et renégocier les partenariats quitte à recopier une partie du contenu et faire des liens, dans chaque article vers la page du journal concerné pour partager l’audience.
Pouvait-on garder une formule qui consiste à alimenter un site web sans penser à le rénover, à l’adapter aux nouvelles possibilités dans le domaine. Bien évidemment non. Et nombre de ces sites de revue de presse ont vu leur popularité baisser au fil du temps, au fil de la création de sites web liés aux organismes de presse. Du côté des sites dits institutionnels, tout est fait pour dire “nous avons un site web”.. et rien pour confirmer “nous entretenons notre site web”. Sans vouloir citer des organismes qui normalement ne pourraient se passer d’une représentation digne de ce nom sur la toile et qui ne font rien pour entretenir ce qui certaines fois a été créé par des gens pas forcément qualifiés usant des techniques nouvelles pour éditer un site en quelques minutes, sans personnalisation aucune et sans aucune vision et politique de référencement.
Le référencement
Combien de béninois se disant spécialistes du web peuvent apporter la preuve qu’ils s’y connaissent en référencement. Le référencement est en effet la pierre angulaire de toute politique de création de sites web. Un site web ne doit pas seulement être “beau” ou “fluide”, ou encore “facile à prendre en main”; il doit surtout être référencé. Beaucoup de gens ignorent par exemple que la plupart des journaux du Bénin ont leur site internet? Et certains des sites plutôt bien faits avec les dernières technologies disponibles. Pourquoi? Parce que ces sites ne sont pas suffisamment référencés.
Au Bénin, il suffit de penser pouvoir programmer ou penser savoir prendre en main un CMS pour s’affirmer référenceur. Et tant que les acteurs du web ne se documenteront pas assez, tant qu’ils ne consacrerons pas le même temps, voire la même hargne à créer un site et à le référencer, les sites web resteront dans les historiques de leur créateur ou pire, leurs contenus finiront dans les sites web d’autres organismes, qui n’hésiteront pas à afficher sur les pages de ces contenus des publicités (rémunérées) sans remettre le moindre kopek à leur créateur. Et ce sera tant pis pour eux j’oserais dire. Tant pis pour ceux qui n’ont pas idée de l’impact d’un site bien référencé et qui resteront les spectateurs joyeux d’un monde qui avance.
Après tout, cela ne se résumerait-il pas à une formation de ces acteurs? Nous y pensons, et certaines actions se mettent progressivement en place, au niveau des journalistes et au niveau d’autres corps de métier (merci à Loyc soit dit en passant).
Du réseautage à la médiocrité
Le sous-titre est un peu violent, mais la violence des titres n’est-elle pas source d’attrait sur le net? Avis aux initiés. Cette partie ne fait pas l’éloge bien évidemment d’un des problèmes majeurs chez nous: le réseautage. Dans des pays comme le canada, le réseautage est source de succès, source de réussite dans ses activités professionnelles. Chez nous il n’existe pas. Ou du moins il a pris de bien tristes allures. Le réseautage s’est souvent confondu à une volonté manifeste de promouvoir les nôtres, quand bien même que leur connaissance soit limitée. Je me plie de rire avec certains amis béninois du métier, quand je vois ce qui est fait, certaines fois avec des sommes faramineuses. Bien évidemment, mon but n’est pas de dire que nous sommes les meilleurs, loin de là. Bon nombre de personnes possèdent plus de connaissances que nous. Mais un tel phénomène ne peut être passé sous silence. Nous ne pouvons aller de l’avant si l’on persiste dans la confusion entre l’aide apportée aux proches ou connaissances qualifiées et celle apportée aux.. autres. Et c’est bien là le hic.
De l’entretien au piratage
Les piratages sont fréquents. LNT en a été victime plusieurs fois. Sous différentes formes : de l’injection de codes infectés à la surcharge de son site par la simulation de visites, personne ne peut y échapper. Même le FBI en a déjà été plusieurs fois victimes. Mais la rapidité avec laquelle l’on intervient dépend de la survie du site. A l’heure où sont rédigés ces lignes, quelques sites importants sont dits infectés et leur accès bloqués par google et certains navigateurs dont chrome et firefox. Les deux légendes du web béninois cités précédemment L’araignée et sonangnon depuis plusieurs semaines (à 12h13mn ce 23 janvier 2013). (cf capture d’écran ci-dessous). Espérons pour ces trois sites que ceux qui s’en occupent en viennent à bout très vite. Quelqu’un s’amuserait à s’en prendre aux sites béninois. Qui? Mystère! LNT serait même le prochain sur la liste après la tentative avortée de la semaine dernière qui s’est soldée par un bug géant de 24h.
Nous n’avons pas la prétention d’affirmer pouvoir empêcher toute tentative, mais rassurez-vous, si cela arriverait à nouveau, nous serons de retour assez vite.
Dans ce domaine, tout doit être mis en oeuvre pour tenir à jour les cms, codes et modules des sites. Mais tout doit aussi être mis en oeuvre pour remettre sur pied les sites piratés. Il en va du sérieux de ces sites. Nous serions même disponibles à aider toutes personnes en difficulté si elles sont bloqués :)))
Le “Gay” seul vrai secteur porteur du web béninois?
S’il ya un secteur qui ne chôme pas, c’est celui des “gayman” escrocs du web béninois. Parti du Nigéria, en transiteant en Côte d’ivoire pour finalement prospérer au Bénin, le phénomène s’est étendu au Bénin et a, il faut le dire, détruit toute image positive des internautes béninois à l’international; malheureusement, les autorités peinent à endiguer le phénomène. Aucun cyber ou presque ne peut prospérer si les gaymans n’y élisent pas domicile. Avec une capacité allant de 200 heures de connexion à 1000 heures. Ces “Robin des bois” béninois qui justifient leur forfaiture tantôt par la douleur d’une “colonisation” qu’ils n’ont (malheureusement ou heureusement) pas vécu, tantôt par un chômage élevé au pays n’hésitent pas à escroquer des naifs (le terme est un peu faible) citoyens occidentaux en leur proposant soit des belles femmes aux belles formes, soit des voitures et autres produits à prix rabaissés, plus que rabaissés.
Conclusion
Le web béninois pourrait aller mieux si il y avait de véritables assises sur les potentialités du secteur, de vrais formateurs et formations, mais aussi un réseautage saint, non seulement pour les vrais professionnels, mais pour les organismes souhaitant se doter d’un site. Nous, quelques acteurs du domaine essayons depuis un certain temps de mettre sur pied de vraies structures, de vraies formations et séances d’information. Parce que le web n’est pas seulement une technologie, mais aussi et surtout un secteur porteur d’emplois et de finances. Quand sera créé un réél moyen de paiement en ligne adapté à nos pays africains, alors d’autres types de sites verront le jour, et des milliers d’emplois pourront être créés. Avis aux dirigeants!
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Date: Mer 23 janvier 2013
Auteur: toilebot/Quotidien Béninois La Nouvelle Tribune